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Posté le : 23/12/2008 à 18:31 (Lu 1165 fois) | Citations Quotidien " L' EST "
Par Khémissi Ameur
Autant Chétaibi est chéri en été quand l’assaillent et l’assiègent des estivants en quête d’air pur et de calme , autant en hiver il s’enferme entre les parenthèses de l’oubli avec un visage lugubre qui le rend méconnaissable.
En effet, par ces temps à ne pas mettre un chat pas plus qu’un chien dehors, la morosité s’empare de tous les pans de la petite ville. Le boulevard du port Daoudi Bachir , si bien colonisé en août, désole à le voir quasi désert . Il n’y a là d’animation que celle des vagues rugissantes et menaçantes qui viennent mourir sur les quais dans un fracas de tonnerre .Rares les silhouettes d’hommes en cette zone du port où sont solidement amarrés bateaux et barques, précaution oblige.
Les pécheurs guettent les éclaircies du ciel car ce n’est que lorsque la tempête renonce à sévir , qu’ils s’en vont au large solliciter un poisson pas toujours disposé à répondre à l’appel.
L’artère principale de Chétaibi brille par une même solitude relative, les gens se hasardant peu à circuler quand ne les contraint pas l’urgence d’un achat ; d’une affaire…
Le vent et le froid pourchassent les jeunes dans les cafés où ils se regroupent face à une chaîne satellitaire, notamment le soir. Au chaud dans les bureaux des différentes administrations locales, les fonctionnaires et autres serviteurs de l’Etat subissent tout autrement les rigueurs d’une saison qui ne fait pas dans les sentiments.
Par contre, dans les écoles, le mouvement des élèves entrant et sortant, engendre le bruit joyeux de l’enfance lentement en route vers « l’age de douleur » .
Le week-end , quand rentrent au bercail les autochtones, une légère animation est perceptible çà et là, et l’on se gave des illusions d’une vie communautaire digne de ce nom. Pendant la semaine , c’est le mardi qui, pour être jour de souk hebdomadaire, crée une ambiance factice plutôt que réelle avec ces commerçants ambulants venus de loin exhiber leurs marchandises à des gens souvent plus curieux qu’acheteurs.
Mais la grande foule s’observe en deux circonstances : la prière du vendredi qui remplit la mosquée de fidèles, et les enterrements où se prouve une rare solidarité dans la compassion.
L’enclavement de cette baie paradisiaque , est certes source de paix ;mais trois saisons sur quatre il la peint des plus sombres couleurs et lui ôte la voix qui chante aux premiers sourires du soleil.
Cependant, importe t-il de relever, bon nombre d’habitants s’y plaisent et s’accommodent de cet isolement générateur de calme et de sérénité. Il est vrai qu’en été toute paix est confisquée dés lors que le bruit , le tumulte et le mouvement remplacent la quiétude de l’automne et son successeur l’hiver. Cette sorte d’usurpation est diversement appréciée par les « tekkouchis » qui ne manquent guère d’arguments pour se justifier.
A chaque goût sa saison , dirions-nous du haut de notre fausse neutralité.
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Edité le 23/12/2008 à 18:39 par espoir
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